Déesse égyptienne aux multiples métamorphoses, Isis, figure idéale de la femme salvatrice imprègne aujourd’hui encore l’inconscient collectif, pour nous éveiller au féminin et aux valeurs qui lui sont attachées. Florence Quentin, égyptologue, écrivain, nous en révèle les visages pour que nous puissions re découvrir la modernité sans cesse renouvelée de son message. Extraits de son ouvrage. Isis l’Eternelle. Biographie d’un mythe féminin. (Ed. Albin Michel)
« Déesse aux mille visages, Isis, la grande Déesse préférée des pharaons se retrouve aussi sous les traits de Déméter ou d’Aphrodite à Alexandrie, puis à Rome et dans les provinces les plus éloignées de l’Empire romain, et sous ceux, à peine masqués, de nombre e vierges noires romanes de l’Occident chrétien. Immuable et multiple à la fois, on la voit réapparaître dans l’image de la femme qui détient « le grand feu de la vie » cher aux alchimistes et aux hermétistes du XVII ème siècle, dans les invocations du sarastro de la Flute enchantée, au coeur des rites égyptiens des loges maçonniques et dans certaines fêtes de la Révolution française, mais encore sur les armoiries de la ville de Paris, dans les multiples évocations de l’Isis voilée du Romantisme, dans l’une des Filles du feu de Nerval, tout autant que dans les fantasmes réincarnationnistes des ésotéristes du début du XXème siècle.
Adossé à des références historiques, archéologiques et littéraires, cet ouvrage ne prétend pas à l’exhaustivité : il assume une subjectivité délibérée, celle qui consite à dresser, à travers l’histoire, le portrait d’une déesse insaisissable et dont les visages superposés, sédimentés par le temps-et si profondément ancrés dans l’inconsient collectif – n’ont cessé et ne cessse de faire sens pour les femmes, mais aussi pour les hommes et pour un monde global » qui pressé par l’urgence à agir, est en train de s’éveiller au féminin et aux valeurs qui lui sont attachées -entre autres, le « care » (prendre soin des autres) ou encore l’écologie confrontée au « grand corps malade » de la Terre Mère.
Prise de conscience salutaire qui nous rappelle qu’en dépit d’un déni dangereux pour l’avenir du monde, nous appartenons à cette Isis-nature, célébrée et crainte à la fois par les philosophes et les poètes, tel l’un des plus grands romantiques allemans, cet Hôlderlin qui écrivait : « Ne faire qu’un avec toutes choses vivantes, retourner, par un oubli radieux de soi, dans le Tout de la Nature. »